Quelques vérités bonnes à rappeler sur l'urbanisation de Franconville

Publié le par Franconville Citoyenne


René Bodiou, conseiller municipal de Franconville de 1977 à 2008 notamment dans la majorité de gauche d’Annie Brunet de 1977 à 1983 et candidat sur la liste « Franconville Citoyenne » lors de l’élection municipale de 2008, a bien voulu revenir sur quelques faits marquants de l’urbanisation de notre ville.

Que pouvez-vous nous dire de l’urbanisation de Franconville alors que la gauche aux affaires a souvent été accusée par Francis Delattre et ses affidés d’avoir bétonné la ville ?
Tout d’abord, l’essentiel de l’urbanisation de Franconville s’est effectué sous le mandat d’André Blondé, maire de droite de 1959 à 1977. Les grands ensembles : Fontaine Bertin, Montédour, Mare des Noues, Grands Jardins et la Résidence du Parc ont tous été achevés avant que les Franconvillois nous confient la gestion de la ville en 1977. Parmi les réalisations de la gauche on peut évoquer la résidence Anne Franck et notamment les maisons de villes en location sociale et en accession à la propriété. On peut également parler des équipements publics comme le centre culturel qui aurait du être baptisé Louis Aragon, le centré de santé municipal Ambroise Croizat inauguré par Jack Ralite alors ministre de la santé, la maison de la jeunesse devenue plus tard le centre aéré Arc-en-Ciel ainsi que des écoles dont l’école maternelle de Montédour. La majorité municipale d’Annie Brunet a également accompagné par des financements extérieurs la construction du centre de sécurité sociale, le bureau de Poste du boulevard Maurice Berteaux ainsi que la caserne des pompiers de l’avenue des Marais.

Il semblerait que certaines constructions effectuées depuis l’arrivée à la mairie de Francis Delattre n’aient pas connu le succès escompté ?

Oui, c’est notamment le cas du centre administratif qui à l’origine n’était pas destiné à accueillir des services municipaux mais de jeunes entreprises, ce devait être un hôtel d’entreprise mais faute de candidatures la vocation du bâtiment a été changée. D’ailleurs il a récidivé avec l'immeuble Jean Mermoz construit à côté de l’espace Saint-Exupéry, un autre hôtel d’entreprise qui n’est pas vraiment un succès. On peut aussi évoquer la construction du Mail du Centre, celle-ci a nécessité la destruction de l’ancien quartier qui avait subsisté à la « rénovation » notamment l’ancien cinéma, « Le Vox » ainsi que le gymnase central. Ici encore on ne peut pas parler d’une réussite notamment pour l’avenue Hector Berlioz qui devait être les « Champs Elysées » de Franconville avec des boutiques au rez-de-chaussée des immeubles, aujourd’hui ces locaux sont devenus des appartements. Que dire de l’immeuble de bureaux à moitié vide au dessus de la Caisse d’épargne et du Crédit agricole. Ce Mail du Centre est d’un point de vue urbain assez raté car rien n’est fait pour inciter les passants à l’utiliser notamment la place Maurice Ravel où est situé le Trésor public. Au final, on peut parler d’un lieu sans vie et l’on peut regretter une volonté de modifier la sociologie de la ville, ce d’autant plus que cela se solde par un échec sur le plan urbain. Pour ce qui est du reste, il est bien commode de mettre les erreurs urbanistiques de son camp sur le dos de la gauche d’autant plus que les nouveaux Franconvillois ne connaissent pas forcément l’histoire de la ville sur les quarante dernières années.


Francis Delattre aime à se présenter comme le grand protecteur de la nature et notamment du bois des Eboulures. Pourtant, à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’à l’occasion la droite n’a pas hésité à rogner sur le bois ?

Tout à fait, on peut parler du lotissement des Hautes Bruyères aussi connue sous le nom de « Résidence Bréguet », accessible par le chemin des Pommiers Saulniers, cela est clairement visible en regardant une carte. On peut aussi évoquer le lycée Jean Monnet alors que la gauche avait choisi un autre emplacement pour sa construction, en l’occurrence celui de l’actuel lotissement des Quatre Noyers. La droite a choisi dès 1984 de livrer ce terrain aux promoteurs, privant la ville d’un terrain pour la construction du lycée. On peut tout de même se demander si selon la droite, certaines catégories méritent que l’on abatte des arbres pour faire des logements même individuels alors que pour d’autres cela serait un scandale. Par ailleurs le bois des Eboulures qui, devait être dévolu par les gouvernements de droite des années 60 au projet de ville nouvelle de Montigny-Beauchamp pour la construction de logements, n’a eu son salut et sa préservation qu’à l’effort conjugué de la gauche valdoisienne et des habitants pour le sauvegarder. Monsieur Delattre s’est vanté d’avoir brûlé une maquette à son arrivée à la tête de la mairie en 1983 mais ce projet encore faut-il le préciser était celui de l’Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP) qui ne dépendait évidemment pas de la majorité municipale d’Annie Brunet. Accuser la gauche franconvilloise d’avoir voulu bétonner le bois des Eboulures est donc d’une totale malhonnêteté de sa part et un argument éculé qu’il ressort à chaque élection municipale sans apporter le moindre commencement de preuve.


Que pouvez-vous nous dire sur la situation du logement à Franconville depuis que monsieur Delattre a été élu maire en 1983 ?

Il a permis la construction de logements en effet mais des logements inaccessibles à la grande majorité des franconvillois à moins évidemment de s’endetter sur des décennies et cela n’est pas forcément un choix judicieux pour les familles modestes qui sont la majorité des habitants de cette ville. La droite a beau avoir accusé la liste « Franconville Citoyenne » de vouloir bétonner la ville et de construire des HLM de façon cachée lors de la dernière élection municipale, il n’en reste pas moins qu’elle a bien livré la ville aux promoteurs et sans que cela ne réponde à la demande de logements accessibles à la majorité de nos concitoyens. Au contraire, il est à craindre que la majorité UMP ne  cherche à décourager les classes moyennes de se loger à Franconville en ne construisant que des logements accessibles à des ménages plus aisés. Les logements construits ne répondent malheureusement pas aux besoins des familles franconvilloises notamment en ce qui concerne le logement de leurs jeunes devenus autonomes. Au final la part de logement social et donc accessible n’a cessé de baisser au fil des ans et en 2000 elle était de 23,9 %. Depuis de nouveaux logements privés ont été construits, la part de logement social a donc encore baissé. Aucun programme de logement social n’a été lancé depuis son arrivée à la tête de la mairie en 1983, on est ici dans l’idéologie conservatrice la plus totale, idéologie qui se fait au détriment des centaines de demandeurs de logement à Franconville. Il est vrai que les erreurs urbanistiques des années 60 et 70 ont porté un coup sévère à la réputation du logement social mais aujourd’hui les standards de construction sont les mêmes que pour le logement privé.


Que pouvez-vous nous dire sur l’impact du magasin Ikea tant en matière d’urbanisme qu’en matière d’emploi à Franconville ?

Ce bâtiment sans âme défigure l’entrée de ville et mobilise un foncier qui aurait pu être utilisé pour des entreprises du secteur secondaire surtout après la disparition de la Compagnie des technologies de luxe (CTL) qui était la seule entreprise industrielle du secteur. En outre, Ikea étant une entreprise grande distribution, l’emploi induit ne concerne pas ou peu les Franconvillois mais un bassin d’emploi vaste avec souvent des postes à temps partiels imposés et de faibles niveaux salariaux, il est vrai ouverts au « volontariat » du travail le dimanche. Je suis dubitatif sur le volontariat car évidemment, à part pour le cas de certaines catégories de salariés comme les étudiants, le travail le dimanche est souvent une façon de joindre les deux bouts pour pallier le niveau trop bas de la rémunération du travail en semaine. C’est donc de ce côté-ci qu’il faut chercher les raisons de l’insuffisance des salaires. Les salariés de certaines grandes enseignes qui, souvent manipulés par leurs directions, ont manifesté afin de réclamer l’ouverture des magasins le dimanche, ont mené un combat qui les dépassait largement. Que dire évidemment sur les répercussions pour la vie de famille de certains de ces salariés réduits à travailler le dimanche pour disposer d’un revenu « décent ».

Publié dans Urbanisme

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